Nos chercheurs

La Fondation Reboot finance des chercheurs dont le travail est en relation avec le raisonnement critique. Vous pouvez découvrir ci-dessous une sélection de projets soutenus par la fondation.

Réception des informations médiatiques à l’ère de la désinformation

Manon Berriche, doctorante au médialab de Sciences Po et au Centre de Recherches Interdisciplinaires

Les recherches que mène Manon Berriche dans le cadre de sa thèse traitent des sujets suivants :

  • Quel type de contenu fallacieux a le plus d’impact ?

  • Comment l’information circule-t-elle dans l’espace public numérique et dans quels contextes de communication le partage d’infox est-il le plus susceptible de se produire ?

  • Comment minimiser la viralité des infox et au contraire faciliter l’accès à une information de qualité ?

Alors que le phénomène de la désinformation est devenu un sujet d’intérêt général, il reste encore beaucoup à apprendre sur son impact sur les croyances et les opinions du public. Pour aborder ce problème majeur de notre société et de nos démocraties, l’objectif de la thèse de Manon Berriche est double :

  • tout d’abord, identifier quel type de contenu fallacieux est le plus nuisible, et dans quels contextes sociaux il est le plus susceptible de se répandre. Pour cela, Manon mène une analyse de l’espace public numérique et des dynamiques de l’expression publique et des intéractions sociales à la fois en ligne et dans la vie réelle ;

  • à partir de ces résultats préliminaires, évaluer des méthodes éducatives plus calibrées pour freiner ce phénomène grâce au raisonnement critique.

Manon Berriche est diplômée de la spécialité « Digital, New technologies & Public policy » de l’école d’affaires publiques de Sciences Po Paris et du Centre de Recherches Interdisciplinaires. Après une expérience professionnelle dans des start-ups et des médias éducatifs, elle s’est tournée vers la recherche afin de promouvoir des innovations éducatives fondées sur la science dans les domaines du raisonnement critique et de l’éducation aux médias numériques. Manon est spécialisée en sociologie du numérique et a mené plusieurs expériences en psychologie cognitive. Ses recherches se concentrent sur le phénomène de la désinformation et combinent des approches à la fois d’étude des médias et de psychologie cognitive. Depuis 2018, elle enseigne également un cours de culture numérique aux étudiants de deuxième année de Sciences Po Paris.

Guide du raisonnement critique pour les parents

Mickaël Bardonnet – INFIPP

Sebastian Dieguez – Université de Fribourg

Stéphane Sansone – Grenoble INP

Reboot a réuni une équipe d’experts pour développer des outils, des activités et du contenu à destination des parents pour les aider à enseigner le raisonnement critique à leurs enfants. Cette équipe est composée de scientifiques et de chercheurs en sciences cognitives en France et en Suisse.

Ce guide en ligne est disponible en français et en anglais. Il fournit aux parents les ressources nécessaires pour permettre l’acquisition de compétences de raisonnement critique tout au long du développement de leur enfant. Il comprend un cadre théorique, qui décrit les différentes étapes du développement du raisonnement critique dans la vie d’un enfant, accompagné d’exercices pratiques pour cultiver ces compétences.

Les auteurs du guide ont une approche holistique de l’enseignement du raisonnement critique, qui prend en compte le développement social et émotionnel des enfants, leur sens de l’individualité et leur estime de soi, ainsi que leur gestion du temps et l’attention qu’ils portent au développement de leur propres compétences de raisonnement critique.

Mickaël Bardonnet

Sébastian Dieguez

Stéphane Sansone

L’effet d’invincibilité génétique des tests génétiques

Dr Woo-Kyoung Ahn, département de psychologie de l’université de Yale

Les recherches menées par le Dr Ahn étudient :

  • si les résultats des tests génétiques qui révèlent des prédispositions (ou plutôt l’absence de prédisposition) à certains problèmes de santé conduisent à diminuer la perception de ces maladies comme des affections graves ;

  • les modes d’intervention des sentiments d’invulnérabilité et d’invincibilité génétique causés par les résultats de tests génétiques.

Le grand public semble croire que les gènes jouent un rôle essentiel et déterminant. De ce fait, il ignore les autres facteurs qui contribuent à l’apparition des maladies et croit aveuglément que les gènes déterminent le destin. De précédentes études ont soumis leurs participants à un test de salive qui leur a été présenté comme le moyen de détecter leur prédisposition génétique à la dépression sévère et à l’obésité. Cette étude examinera « l’effet d’invincibilité génétique » dans le contexte de l’alcoolisme et concevra des moyens de le prévenir en cultivant le raisonnement critique.

Le domaine de recherche du Dr Woo-Kyoung Ahn concerne principalement les processus de raisonnement de haut niveau. Elle étudie en particulier la manière dont les gens apprennent et se représentent les concepts et les relations causales, comment les explications causales modèlent nos processus de pensée, et de quelle manière notre raisonnement s’écarte des principes rationnels. Elle étudie également des sujets pratiques, tels que la manière dont les explications causales des troubles mentaux par les médecins experts affectent leur diagnostic, et comment apprendre que l’on a une prédisposition génétique affecte les attentes des gens vis-à-vis de leurs symptômes de maladie mentale. Dr Ahn enseigne le raisonnement critique et la rationalité à l’université. Elle a précédemment été rédactrice adjointe du « Journal of Experimental Psychology: General and Cognitive Research: Principles and Implications ». Elle est membre de l’American Psychological Association, ainsi que de l’Association for Psychological Science, et professeure à l’université de Yale.

Délibération et intuition dans la prise de décision

Dr Tania Lombrozo, département de psychologie de l’université de Princeton

Les recherches du Dr Lombrozo sont motivées par deux questions :

  • Pourquoi utilise-t-on si peu, voire jamais, les « outils du raisonnement critique » pour prendre des décisions en situation réelle ?

  • Comment peut-on améliorer la prise de décision ?

Ce projet de recherche est centré sur un aspect relativement peu étudié du raisonnement critique et de la prise de décision : quand et pourquoi les gens pensent-ils qu’une réflexion poussée devrait (ou ne devrait pas) guider leurs décisions. Il a déjà été prouvé que les gens pensent que leurs réponses immédiates et instinctives sont plus révélatrices de leur « vrai moi » que les réponses raisonnées. Est-ce qu’une telle croyance les conduit à (inopportunément) favoriser les réactions viscérales plutôt que la délibération, par exemple choisir un traitement médical ou un candidat en politique parce qu’ils « le sentent bien » plutôt qu’après une évaluation critique des preuves et des arguments ? Cette étude devrait montrer comment différents facteurs peuvent prédire les réponses dans l’utilisation de la délibération et de l’intuition.

Dr Tania Lombrozo mène des recherches qui visent à aborder des questions fondamentales de l’apprentissage, du raisonnement et de la prise de décision en utilisant les outils empiriques de la psychologie expérimentale et les outils conceptuels de la philosophie analytique. Son travail s’appuie en grande majorité sur la philosophie des sciences, l’épistémologie et la philosophie morale, au côté de la psychologie cognitive, sociale et développementale. Son laboratoire étudie, par exemple, la tendance des humains à expliquer. Pourquoi nous sentons-nous si obligés d’expliquer certains aspects de notre environnement social et physique, et pas d’autres ? Comment le processus de recherche d’explication affecte-t-il l’apprentissage, et comment la qualité d’une explication affecte-t-elle nos jugements et nos décisions ? D’autres projets concernent différents sujets, incluant nos croyances intuitives sur la causalité, la responsabilité morale et la nature du savoir. Tania Lombrozo est professeure au sein du département de psychologie de l’université de Princeton.